La conquête du cosmos de Francis Desharnais et Alexandre Fontaine Rousseau

La conquête du cosmos de Francis Desharnais et Alexandre Fontaine Rousseau

Toujours plus haut, toujours plus loin

Après avoir illustré les succès et les déboires des premiers aviateurs (Les premiers aviateurs, 2016, Pow Pow), Francis Desharnais et Alexandre Fontaine Rousseau poussent leurs explorations aériennes de la troposphère jusqu’à la lune. Les deux créateurs partent à La conquête du cosmos, équipés de leur génial esprit de « bottine spatiale »!

Et c’est parti pour une autre bande dessinée hilarante, revisitant les grands moments de la course à l’espace entre l’URSS et les États-Unis.

Rire de l’absurde en orbite

Après l’envoi du premier Spoutnik dans l’espace en 1957, puis celui du cosmonaute Youri Gagarine en 1961, les Américains visent la lune et y marchent en 1969. Ce sont toutes ces étapes de l’avancement des technologies spatiales qui sont revisitées dans le livre de Francis Desharnais et d’Alexandre Fontaine Rousseau.

Leur réécriture comique et satirique de ces événements historiques fait ressembler les savants soviétiques à des concurrents de Génies en herbe sans sens de l’éthique et les Américains à des douchebags qui veulent simplement planter leur petit drapeau avant les autres. L’utilisation du parler populaire québécois et des tournures à la mode (bro, dude, genre, etc.) crée un décalage comique qui a le don de souligner l’absurdité de certains moments moins glorieux de cette compétition scientifique. Par exemple, la participation de la pauvre Laïka et le triste sort de ce premier être vivant envoyé dans l’espace sans espoir de retour.

Par ailleurs, la vastitude de l’espace, la nouveauté et le caractère grandiose des explorations spatiales sont aussi habilement renversés et moqués dans les dessins. La répétition de l’arrière-plan des cases et l’impression d’immobilité qui se dégage des planches n’a rien à voir avec le sentiment euphorisant associé à ce type de découverte. Le décor lunaire, toujours pareil et ennuyeux, ressemble plutôt à un grand terrain de golf plein de roches : « C’est plate, la Lune », finiront par s’avouer, déçues, les versions bédéesques de Neil Armstrong et de Buzz Aldrin.

Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour les produits dérivés

Dans La conquête du cosmos, c’est souvent drôle, parfois angoissant. Petit vertige assuré en lisant les impressions des astronautes confrontés au vide intersidéral!

Prenons comme exemple le constat pessimiste du cosmonaute soviétique : « M’as te dire de quoi sur l’univers… C’est pas invitant pour deux cennes. Pis moi, j’suis dans une canne de conserve, suspendu au beau milieu du néant. À me demander ce que je suis face à tout ça. »

On finit même par évoquer les théories du complot voulant que la retransmission des premiers hommes marchant sur la lune n’était qu’un canular filmé dans le simple but de promouvoir le programme Apollo afin de « vendre des tasses et des t-shirts ».

Quoi qu’il qu’en soit, il s’agit d’une bande dessinée très divertissante : à l’occasion, elle nous fait sentir tout petits en tant qu’humains, mais elle nous rappelle que certains compensent en étant très drôles!

Francis Desharnais et Alexandre Fontaine Rousseau, La conquête du cosmos, Pow Pow, 2021.

Marise Belletête
Écrivaine, dessinatrice, passionnée des mots

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