Là où je me terre de Caroline Dawson

Là où je me terre de Caroline Dawson

Le grand tremblementPetite, j’avais une admiration infinie pour Anne aux pignons verts. Mon héroïne favorite, à son arrivée à Avonlea, devait braver les sobriquets de ses camarades se moquant de ses cheveux roux et de ses taches de rousseur. Une enfant vive à l’imagination débordante qui devait s’adapter à son nouveau milieu. Bien sûr, nous nous retrouvons dans deux univers complètement différents, mais la jeune Caroline de Là où je me terre me la rappelle avec sa force de caractère et sa manière unique de voir le monde. Le récit …

La patience du lichen de Noémie Pomerleau-Cloutier

La patience du lichen de Noémie Pomerleau-Cloutier

Jaser au cœur de la houle et des chicoutaisAprès Brasser le varech (2017, La Peuplade), Noémie Pomerleau-Cloutier nous revient avec La patience du lichen, qui paraîtra le 4 mars 2021. Elle qui est fascinée par les paysages côtiers, ce sont surtout les humains qui y habitent qu’elle défriche – et déchiffre – ici. Le recueil est composé de témoignages poétiques, de tranches de vie amassées de village en village, en suivant les chemins inachevés et les routes fluviales de la Côte-Nord. Fait de va-et-vient, d’enracinement et d’errance, le projet de …

Les îles Phoenix et Sestrales

Les îles Phoenix de Rosalie Lessard et Sestrales d’Andréane Frenette-Vallières

Renaître de ses cendresLes univers féminins déployés dans Les îles Phoenix de Rosalie Lessard et Sestrales d’Andréane Frenette-Vallières investissent les décors changeants des côtes, des îles et des forêts, théâtre intemporel de disparitions et de renaissances. Ces deux recueils bouillonnants contiennent beaucoup de fragilité, de colère, de peine, de solitude, mais aussi de complicité. Ils partagent également une interrogation commune : comment faire pour accepter le temps qui passe malgré tout ce qui nous brise.Les îles Phoenix de Rosalie LessardParus au Noroît, les poèmes narratifs de Rosalie Lessard sont comme des témoignages, …

Verdunland et Terres et forêts

Ta mère et le territoire: Verdunland et Terres et Forêts

Verdunland : fantasme ta villeAvec sa couverture psychédélique aux couleurs bonbon, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en commençant Verdunland de Timothée-William Lapointe et Baron Marc-André Lévesque. Les colocataires nous promettent une visite guidée d’une ville hallucinée, une ville magique, peut-être pas si loin du Neverland de J.M. BarrIe et du Saint-Élie-de-Caxton « légendifié » de Pellerin. S’y côtoient un géant en peine d’amour qui « kicke » des cabanons et une ogresse cultivant des oreilles. Empruntant un style vraiment inusité, cette petite épopée loufoque et drolatique prend comme point de départ …

La révolution permanente

La révolution permanente et autres poèmes de Shawn Cotton

L’art patient de dégivrer la mémoireLe « buzz du givre », c’est un peu ce que le lecteur goûte en parcourant La révolution permanente et autres poèmes de Shawn Cotton, où se mélangent les alcools bus à la mémoire d’une amoureuse défunte, les drogues et les rêves d’hier. La mélancolie nous file directement dans les veines. Tendre et nostalgique, ce recueil paru aux éditions de l’Écrou nous accueille au cœur d’un royaume plutôt glacial, pendant que le poète cherche à réchauffer ses fantômes, vers après vers. De la cantine à la chambre …

Éventrer le bois

Éventrer le bois d’Emilie Pedneault

Terre à bois et femme de cœur Paru aux Éditions de la maison en feu en 2020, Éventrer le bois est le premier recueil de poésie d’Emilie Pedneault. Revisitant les écorchures d’une enfance brisée par les « doigts envahissants [des] abus ordinaires », la narratrice nous livre des passages d’une force aussi brute et sauvage que son besoin d’attention et d’amour. Comme si l’écriture venait sabler à vif les émotions et les souvenirs. Au fil des poèmes, Emilie Pedneault trace un portrait sans censure des relations abusives et des caresses qui détruisent. …

Suggestions littéraires 2020

Suggestions de lecture 2020 – partie 2

Vie nouvelle de Michaël TrahanVie nouvelle commence par le rêve d’un poète « venu dire adieu à la douleur ». Dès les premiers vers, on sent son affairement, le travail patient et exigeant de l’écriture, le désir de gratter le noir jusqu’à l’éclaircie.« Je prépare le roman, la boîte à mourir, le grand lit où les enfants s’étendent pour défaire le nœud du ventre. J’entre en vie nouvelle comme si je n’existais pas. J’ouvre l’histoire je joue la scène dont on ne revient pas je fais la liste des choses noires les …

Abandons et La maison d'Ophélie de Carole David

Abandons suivi de La maison d’Ophélie, de Carole David

« car nous sommes très seuls dans notre lutte pour la survie »J’aime entrer dans les poèmes de Carole David: ils sont comme de petites maisons avec des fenêtres qui donnent sur l’enfance, des cuisines où il faut cacher les couteaux, des chambres aux allures de ring de boxe. Il n’y a qu’à ouvrir la porte pour s’abandonner au désordre dans le refuge des poèmes.Les penderies de cette maison sont des miroirs dans lesquels une fois entré Il est impossible de retrouver son chemin à travers les dédales et les …

Suggestions littéraires 1

Suggestions de lecture pour le temps des Fêtes – partie 1

Les Contes de Jacques FerronMême si je suis très friande des contes populaires de toutes sortes, je ne me suis immergée que récemment dans l’œuvre de Jacques Ferron. La nouvelle parution de ses Contes, réédités à l’occasion du 60e anniversaire des Éditions Hurtubise, a été pour moi l’occasion parfaite de découvrir quelques pépites du grand écrivain québécois aux mille historiettes. Illustrés par l’artiste Marc Séguin, les 14 textes choisis rassemblent quelques-uns des « Contes du pays incertains », des « Contes anglais » et des « Contes inédits ». Entremêlant des scènes de la vie campagnarde et …

Te dire où de Sara Dignard

Te dire où de Sara Dignard

Le corps est une maison ouverte aux courants d’airAprès la publication de son premier recueil Le cours normal des choses (Les éditions du passage, 2015) et la direction du collectif Ce qui existe entre nous (Les éditions du passage, 2018), Sara Dignard présente sa « lignée de femmes sans repos » dans le recueil de poésie Te dire où : on y raconte une descente au plus profond du corps féminin — où dort une colère sourde —, puis une remontée de ses « chemins de chair », à la recherche de la lumière extérieure, …