Le catalogue, la liste et l’encyclopédie sont des formes littéraires potentiellement explosives
Le grand manège de la désinformation
Phaneuf crée ici un ensemble aux contours virtuellement infinis qui semble mettre en abime les maladies de l’information dont souffre notre époque. Dans un monde où la vérité côtoie les fake news, où les thèses conspirationnistes farfelues et les superstitions rencontrent des discours scientifiques étayés, l’artiste essaie de s’amuser de ces décalages plutôt que d’en pleurer.
En jouant sur les croyances populaires (« Faire craquer les os des doigts grossit les jointures. »), les idées préconçues ( « Les gens tatoués sont des truands. ») ou totalement loufoques ( « Tous les sacristains sont des goules. »), en accumulant les expressions proverbiales (« La fin justifie les moyens. ») et les jeux de mots (« La musique adoucit les morses. »), Phaneuf propose un répertoire déjanté et fascinant qui nous renvoie souvent en pleine face certains préjugés et nos propres façons de déformer la réalité.
L’écriture comme forme de tournis
« Tout ce qui explose est baroque. »
« Les papillons ne servent à rien. »
« Aucune chanson d’amour ne parle de coliformes. »
« Il faut se méfier des gens qui utilisent quatre points de suspension. »
« La catharsis n’a rien à voir avec les électrochocs. »
Se feuilletant en tous sens et en toute simplicité, le Carrousel encyclopédique des grandes vérités de la vie moderne est un livre que je recommande chaudement à tous, particulièrement à ceux qui aiment lire les petits caractères, qui collectionnent les messages des biscuits chinois, ou qui viennent de finir le dictionnaire et se cherchent un nouveau projet de vie.
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