Reprendre des forces, réparer l’espoir et les couleurs
Terrains fertiles d’Émilie Hould
« L’air chaud emplira
mes poumons d’oiseau-rieuse
et je serai rouge, entière.
Ni proie, ni prédatrice,
je parcourrai en haute voltige
les rivières et l’impatience. »
Dans cette première publication, l’autrice explore de nouveaux chemins menant vers une transformation. L’autrice prend le temps d’avancer, lentement, à tâtons, puis avec une nouvelle ardeur. Elle se lance à la recherche de « terrains fertiles », armée de ses crayons de bois.
Ce texte se lit si bien lors d’une promenade en plein air : il dure le temps d’un coucher de soleil, s’harmonisant avec ses magnifiques couleurs vives et chaudes.
« Je pensais que le ciel prenait feu. Personne ne n’avait dit que c’était beau, la fin du monde. »
Les forces vitales de Sarah Bertrand-Savard
« Le temps tombe
le ciel n’a plus d’étoiles
le cœur dans la gorge
j’apprends la douleur »
Autrement dit, pour écrire cette histoire d’organes malades, coupés, retirés, recousus, il lui a fallu faire la même chose avec les mots des livres. Une opération tout aussi minutieuse qui repose sur la chance et le miracle, où la lame de l’exacto remplace celle du scalpel.
En coupant dans le « réel », elle se questionne sur ses capacités de déconstruction et de reconstruction. Elle consigne sa détresse et ses peurs. Se demande « comment on peut vivre vivante constellée d’usure ».
Malgré sa solitude, l'autrice appartient tout de même à une communauté de femmes, d’artistes, celles qui « se sont saoulées d’encre », à qui elle emprunte à son tour pour
« dire
libérer
réparer
raccommoder
affronter le monde
apprendre à pardonner
créer un monde merveilleux
s’envoler
construire. »
Cet ouvrage paru chez La Mèche est ainsi une véritable leçon de résilience et de survie où l’autrice « répare » l’espoir à partir d’autres livres, d’autres cris du cœur qui l’alimentent.
J’ai été particulièrement sensible à cette force qu’elle nous donne à lire, un mot à la fois. On ressent encore plus la nécessité de chacun de ces vocables rescapés, coupés un à un, regroupés pour former de courts vers, afin de porter tout le poids de ces émotions sur leurs frêles épaules.
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