D’amour et d’ecchymoses
Mauve est un verbe pour ma gorge : ce titre m’avait énormément marquée lorsque je l’avais lu l’année dernière sur la liste des poèmes finalistes pour le Prix de poésie Radio-Canada 2020 (prix que son autrice a d’ailleurs remporté). Depuis ce moment, je crois que j’attendais ce recueil. C’est donc avec une grande impatience que je me suis lancée dans le recueil de Nana Quinn, paru aux éditions Poètes de brousse. Et j’ai eu un gros coup de cœur!
Inspirés par la violence conjugale qu’elle a subie, les poèmes de Mauve est un verbe pour ma gorge font revoler la syntaxe, les couleurs, les émotions fortes. Ils montrent jusqu’où l’amour n’est plus tendre, quand la force d’attraction ne parvient plus à retenir ce qu’elle a fait éclater.
« les couleurs naissent
au fond des puits
ceux qui
dans un élan se referment
autour de mon couj’imagine un champs de dahlias un
froissement de forêtstoutes particules suspendues
ce n’est pas exactement unecaresse »
« toutes ces femmes
tuées sur le plancher de la cuisine
entre le grille-pain et le carrelageça pourrait être moi
mes bras tracent
le chemin de l’étau
mes bras qui
n’atteignent même pas une ampouleje suis faite
creusée corridor
un océan au thorax »
Mais vient le temps de briser le cycle des excuses et des fausses promesses de contes de fées, des « il était une fois » qui finissent en drame.
« la princesse rassemble
le métal échoué
dans la chambre
trace sur l’oreiller
le triangle des Bermudes »
« j’aurai en moi le jour où je suis morte
dans ma jugulaire
un caillot de sang en forme de loup »
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