Aller aux fraises d’Éric Plamondon

Aller aux fraises d’Éric Plamondon

Prendre le champ et autres sorties de route

 Aller aux fraises d’Éric Plamondon recense les derniers milles avant l’âge adulte.

Dans les trois nouvelles, « Aller aux fraises », « Cendres » et « Thetford Mines », on fait la route avec un narrateur doué pour les anecdotes pas piquées des vers.

Les chemins qu’il emprunte à la veille des grandes étapes de son parcours (déménagement, début des études collégiales, etc.) croisent ceux d’hommes d’une autre époque. Les Ti-Gilles, Small Godin et Finger Hardy de Saint-Basile tirés des histoires de son père reprennent vie le temps d’une anecdote. On les retrouve, jouant au billard et chauffant dans les tempêtes, accompagnés de leurs bouteilles de bière et de gin.

« La neige tombait. La fumée sortait par la fenêtre de Small. Il ne resterait bientôt plus une goutte d’alcool dans l’habitacle. Sur la banquette arrière, les cendres de Ti-Gilles n’avaient jamais été aussi froides. »
Éric Plamondon

Pendant les multiples trajets, de Donnacona à Thetford Mines, le narrateur nous raconte divers souvenirs de son bal de finissants, de soûleries épiques, de lendemains de brosse mémorables après de multiples excès.

C’est l’occasion pour lui de faire le point. De se souvenir.

La fois où la voiture a pris le clos.

La fois où il a rencontré un orignal.

La fois où il n’a pas su s’il allait se rendre ni où le « film » de sa vie le conduirait.

« Les phares de la Honda Civic creusaient un tunnel dans le blanc des tourbillons de cristaux. Les éléments se précipitaient vers moi. J’étais comme Han Solo quand il enclenche l’hyperespace du Faucon Millenium et que des milliards de points lumineux semblent bombarder le cockpit : étoiles, supernovas, naines blanches, soleils, galaxies… Mon retour devenait l’errance d’un naufragé solitaire. Je décélérais. La frénésie des flocons m’envoûtait. »
Éric Plamondon
Paru au Quartanier, ce recueil sympathique nous ramène à cette période d’insouciance, de folie et de liberté, juste avant de prendre le dernier tournant et de quitter le territoire de notre enfance.

« J’ignorais encore ce que mon père savait depuis longtemps : même si je reviendrais parfois, c’était fini. En quittant cette maison, je quittais définitivement mon enfance, mon père, sa blonde. Je reviendrais, mais ce ne serait plus pareil. C’était la fin d’un monde. Je comprendrais bientôt ce que signifie être seul, assumer ses choix, décider d’avancer ou de reculer […]. »

Éric Plamondon

Marise Belletête
Écrivaine, dessinatrice, passionnée des mots

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