Fouiller la cendre, parler du cœur
« Tu dis Parfois j’ai peur
tu insistes Contempler la mort.
La cendre sous le verre ovale nous observe.
Dépouillée. Mais pleine de rêves respirations.
Que rien ne se perdre.
Que ce magma humain cerclé de métal
ne devienne pas
juste chaos. »
Le dialogue poétique qui naît de la rencontre de ces univers a la transparence et la finesse d’une aquarelle. Conférant une « légèreté au désastre », on y expose en les diluant la fragilité et la fugacité de la vie humaine dans une succession d’objets : nature morte, dessin, photo, crâne, cœur et cendre. Achevé, immobile, tout ce qui est mis sous verre a la délicatesse de nous rappeler subrepticement notre finitude.
Dans les magnifiques vers de la poétesse, chaque particule du paysage, chaque grain de poussière, chaque corps, est retourné pour « mieux entendre [son] héritage », pour retrouver le pouls ténu du cœur qui bat encore. À la recherche d’un apaisement, d’une consolation avant le noir.
Des « carcasses d’espoirs ».
À la fois voyage, chant funèbre et mission de sauvetage, l’écriture épouse les contours de la perte, l’encadre de douceur et de lumière pour faire place à la vie.
« Nous nous serrons les coudes
nous nous aimons.
À tour de rôle poitrine haletante.Ton œuvre humaine s’anime sous le verre ovale
vois – tableau de famille et d’histoire.
Et mon lexique alentour cherche réparation. »
Oui, « la mort réveille », nous rappelle l'importance d’aimer et de créer avant de disparaître.
*
Denise Desautels, Disparaître, autour de 11 œuvres de Sylvie Cotton, Noroît, 2021.
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