Voie de collision
« Fixée au cou
j’égratigne la zone
le poignet embrasse
tes grands axes en retrait
pour me défenestrer
sans abîmer le décor »
Dans la « succession des terres incendiées » et des « espaces éventrés », Radiale vibre au son d’un moteur, d’un cœur avant l’embardée. Des grandes et des petites collisions. Celles qui auront la violence et l’intensité contenues d’une dent de lait arrachée d’un coup sec, la ficelle encore dans les mains.
La poésie s’empare ici de tout ce qui laisse un trou. Le feu. L’accident. Les os broyés. Les dents perdues.
On y retrouve des vers magnifiques, comme des « mordées » dans le courant des jours.
« Crache le verre poli par les vagues
sa peau grattée
à la face de l’eau
ici pas besoin de dire mort
à l’entaille même de la mâchoire
je rejoins le battement de l’archipelni tout à fait vivante
ni tout à fait »
Je me suis laissée traverser par ces ondes de choc créées par les poèmes, qui craquent et disposent leurs différents combustibles à l’orée des sens.
Une lecture qui nous laisse en état d’alerte, devant tous les comptes à rebours enclenchés et les explosions imminentes du quotidien.
« À pleines poignées je collectionne
les fragments froids de bombes
les abeilles prises dans les cheveux
les répliques de ton visage
la stupeur me serre au collet
soulève les débris
le cri du moteurtu te tiens juste derrière
tu es toujours là »
*
Valérie Forgues, Radiale, Le lézard amoureux, 2021.
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